Agriculture

Vallée des Prairies

Quand le ministre Lamontagne rencontre la gourou

Vallée des Prairies – Le ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec, André Lamontagne était en visite ce jeudi matin, 13 avril, à Saint-François-de-la-Rivière-du-Sud pour visiter les installations de l’entreprise maraîchère Vallée des Prairies et rencontrer une passionnée d’agriculture, Francine Pomerleau.

Le ministre André Lamontagne était en transit pour Montmagny pour annoncer une aide financière de 600 000$ à La Boîte Maraîchère Côte-du-Sud pour la construction d’un complexe de production hydroponique voué à servir le marché québécois dans les légumes-feuilles, les fines herbes, les jeunes pousses et les germinations. Sa visite chez Francine Pomerleau était à l’opposé de l’annonce qu’il s’apprêtait à faire à Montmagny.

«Y a pas plus opposé que ça. En tout cas vous êtes bon!» a-t-elle lancé en même temps qu’une tape sur l’épaule au départ de son invité. Francine Pomerleau concluait ainsi une visite d’une heure où elle a pu livrer les grandes lignes de sa vision d’une agriculture durable sur sols vivants.

Un ministre bien au fait

En venant rencontrer Françine Pomerleau, le ministre Lamontagne savait à qui il avait à faire : une «pionnière», une «passionnée», la qualifiant même de «gourou». Francine Pomerelau embrasse tous ces qualificatifs en plus d’être une critique aiguisée du modèle agricole actuel.

«Vous, a mentionné le Ministre, vous avez fait toute sorte d’affaires que plein de monde ne faisait pas», reconnaissant en elle l’une des pionnières de l’agriculture bio au Québec. Francine Pomerleau a commencé à s’initier à l’agriculture bio en 1978. Mais sa passion pour l’agriculture, elle, a débuté bien avant dans sa Beauce natale.

«J’avais 12 ans et je faisais mon propre jardin à côté de celui de ma mère», a-t-elle confié au Ministre en ajoutant qu’elle avait dès ce jeune âge dit à sa maternelle qu’elle était faite pour vivre dans «un bout d’rang» qui lui a dès lors rétorqué «qui prends mari, prend pays».

Sa passion pour l’agriculture a été son seul guide.

«J’ai eu trois maris, mais pas un seul m’a accompagnée dans ma passion». C’est cette passion qui finalement l’a fait atterrir un jour sur le chemin de l’Aqueduc, un «bout d’rang», imaginé 50 ans plus tôt par la fillette qu’elle était.

Un enjeu de survie

Aujourd’hui, la passion est toujours présente, mais l’âge l’oblige à penser un futur sans elle. En 2015, elle et Jacques Côté d’Aliments Trigone ont fait le choix de protéger la cinquantaine d’acres de sol cultivable en une fiducie d’utilité sociale, Fiducie Terre Sans Faim, dont les sols, les biens, la vocation, la durée et les bénéficiaires sont protégés à perpétuité.

L’agriculture doit opérer un changement de paradigme

Cette visite inespérée du Ministre a été pour elle l’occasion de marteler que le modèle agricole doit changer de paradigme. Il doit revenir au sens commun de régénérescence des sols vivants en symbiose avec l’humain. 

«Ici, je peux pas dire que j’ai des sols vivants. Je suis déçue. Je pensais pouvoir faire ça en deux-trois ans. C’est pas le cas.», a-t-elle avoué au Ministre tout en le sensibilisant au besoin de ramener les agronomes dans les champs. En réponse, le Ministre Lamontagne lui a rappelé à elle ainsi qu’à son collègue de Mathieu Rivest, député de Côte-du-Sud, les efforts qui se font au Québec, telle la caravane Santé des sols qui parcourt le Québec depuis maintenant 10 ans. Cet outil vise notamment à émettre des diagnostics des sols afin de les replacer au cœur des décisions agroéconomiques.

Pour consulter les propos du ministre Lamontagne et de Francine Pomerleau.

Francine Pomeleau s’imprègne beaucoup de ce qui se fait en France. Elle a avoué passer des soirées à écouter des vidéos des productions Vers de terre, dédiées aux sols vivants outre-Atlantique.

« J’aimerais ça trouver ici [au Québec] des itinéraires de culture, pour y trouver une recette que je pourrais reprendre » a-t-elle demandé au Ministre afin d’accélérer la transition et d’amenuiser les pertes. Parce qu’à force d’ouvrir le chemin, elle en a subi des pertes au cours de ses années de défrichage.

Une vision : faire ensemble

Outre cette transition, Francine Pomerleau est préoccupée par la relève. Elle aimerait bien établir dans un même habitat quatre-cinq familles sur un des lots agricoles du chemin de l’Aqueduc. Le but étant que celles-ci installent leur entreprise en louant les sols [même Vallée des Prairies est locataire des sols que l’entreprise cultive] et en partageant la mise en commun des coûts d’équipements, de transformation et de mise en marché. Une intégration qui permettrait à tous d’obtenir sur le long terme une meilleure qualité de vie.

Ce lotissement multi-logements sur terre agricole en zone verte est loin d’être gagné puisque la CPTAQ veille au grain. Le Ministre a tout de même fait prendre une photo de la cartographie des champs en production afin de se faire une tête sur cette demande particulière. Il sait pertinemment qu’avec le changement de paradigme prôné par Francine Pomerleau, un jour il en viendra d’autres demandes semblables un de ces jours sur son bureau ministériel. Dès lors, sa visite à Vallée des Prairies prenait tout son sens.

« Vous êtes en avant de tout le monde. D’autres suivront… Ce que vous faîtes ici, c’est très inspirant »
– André Lamontagne, ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec
en la quittant son hôte pour livrer sa grosse annonce de la journée.

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